Burn out : le piège du travail - passion, un vrai poison

Claire Lapeyronie Coach Burn Out et Reconversion Professionnelle

Elle était belle, vive, intense. Elle donnait de l’élan, de la fierté, du sens. Elle portait haut les couleurs de l’engagement, de la vocation, de l’absolu. La passion. Celle qui anime, qui fait se lever tôt sans peine, qui transforme la fatigue en satisfaction. Celle qui brûle aussi, mais d’une flamme chaude, stimulante, exaltante. Jusqu’au jour où la flamme dévore tout. Où elle devient dévoreuse plutôt que nourricière. Quand la passion devient poison, on ne s’en aperçoit pas tout de suite. C’est insidieux, progressif, presque loyal. Et pourtant, c’est souvent là que commence l’épuisement.

A la fin de l’article, retrouvez 3 exercices à faire pour passer de l’envie au changement de vie !

L’illusion du feu sacré

La passion est valorisée. Dans le monde du travail, elle est même sacralisée. « Fais ce que tu aimes et tu ne travailleras jamais », dit-on. Pourtant, cette injonction peut devenir un piège. Car dans la passion, il y a une forme d’aveuglement. On donne, on s’investit, on dépasse ses forces, on occulte les signaux faibles. Parce que c’est pour une cause, un métier, une mission qui nous ressemble. On ne compte pas les heures. On ne veut pas compter. Et cela rend l’exploitation possible. Par soi-même, souvent. Par les autres, parfois. Le feu sacré devient alors une torche qu’on porte à bout de bras, jusqu’à l’épuisement.

Travailler avec le cœur : une bénédiction à double tranchant

Il y a quelque chose de noble dans le fait de mettre son cœur dans ce que l’on fait. Cela donne du sens, du lien, de la densité à l’expérience professionnelle. Mais c’est aussi cela qui rend la blessure plus violente quand tout vacille. Car ce n’est pas qu’un poste que l’on perd, c’est une part de soi. Ce n’est pas qu’un épuisement physique, c’est une mise à mal de son identité. Travailler avec passion, c’est prendre le risque de ne plus distinguer ses limites. De ne plus différencier l’engagement du sacrifice. Et cela mène, souvent, à une confusion destructrice.

L’amour du travail peut devenir dépendance

Quand on est passionné, tout semble vital. Chaque projet devient personnel. Chaque réussite, une validation. Chaque critique, une remise en cause intime. C’est là que l’équilibre se rompt. Car la passion, si elle n’est pas canalisée, devient dépendance. On travaille non plus par désir, mais par besoin de reconnaissance. On en fait toujours plus pour se sentir à la hauteur. Pour ne pas décevoir. Pour combler une faille intérieure. Et ce glissement, souvent imperceptible, crée un état d’alerte permanent. Le repos devient culpabilité. La pause devient faiblesse. L’intensité devient la norme.

L’érosion du plaisir

Paradoxalement, plus on est passionné, plus on risque de perdre le goût de ce qu’on aimait. Trop d’implication tue le plaisir. Quand chaque tâche devient une mission vitale, il n’y a plus de jeu, plus de respiration. La pression interne est constante. Et avec elle, la joie se retire. On continue, bien sûr. On avance, encore. Mais avec une lassitude croissante, un essoufflement discret. Jusqu’à ce que le corps dise stop. Jusqu’à ce que l’enthousiasme devienne apathie. Et que le sens initial se dilue dans une fatigue sans fond.

La passion masquée : un perfectionnisme déguisé

Derrière la passion, se cache parfois une autre forme de tension : le perfectionnisme. Ce besoin de faire bien, mieux, toujours plus. Non pas pour exceller, mais pour être « assez ». Pour éviter le vide, le doute, le rejet. Le perfectionnisme se dissimule souvent sous la bannière de la passion. Il se justifie, s’enrobe, séduit. Mais il épuise. Car il pousse à tout contrôler, à anticiper sans relâche, à réparer avant même que l’erreur ne soit visible. C’est une passion anxieuse, une passion crispée. Elle ne stimule pas : elle enchaîne.

L’épuisement d’une identité trop investie

Quand on s’identifie totalement à son travail, toute remise en question devient personnelle. Il n’y a plus de distance. Plus de respiration entre « je fais » et « je suis ». L’échec professionnel devient une blessure existentielle. La passion ne laisse plus d’espace pour le doute, ni pour l’imperfection. Elle exige tout, tout le temps. Et peu à peu, ce trop-plein fait éclater le cadre. On s’y perd. On ne sait plus comment décrocher, comment ralentir, comment exister hors de son rôle. L’épuisement devient inévitable. Il est la dernière tentative du corps pour dire : « Reviens à toi. »


PASSEZ DE L’ENVIE AU CHANGEMENT DE VIE
Prenez un moment pour vous, au calme, pour réfléchir à votre avenir

Sortir de l’emprise d’une passion toxique ne signifie pas renoncer à ce qui nous anime. Cela signifie apprendre à s’aimer autant qu’on aime ce que l’on fait. Voici trois exercices simples pour reprendre contact avec soi, loin du feu brûlant de l’excès.

Exercice 1 : La journée sans performance

Choisissez un jour dans la semaine. Ce jour-là, refusez toute logique de productivité. Pas d’objectif à atteindre. Juste vivre, sentir, être. Marchez, écoutez de la musique, cuisinez sans but. C’est un entraînement à la gratuité, à l’inutile fécond. C’est un rendez-vous avec votre essence, sans pression.

Exercice 2 : La boussole du plaisir

Chaque soir, demandez-vous : « Qu’est-ce qui m’a fait plaisir aujourd’hui ? » Notez trois choses, même infimes. L’odeur du café, un sourire, un moment de calme. Cela rééduque l’attention à la joie. Cela réveille les micro-sensations de satisfaction, souvent étouffées par la suractivité.

Exercice 3 : La défusion symbolique

Prenez une feuille. Tracez deux colonnes. Dans la première, écrivez tout ce que vous êtes en dehors de votre métier. Dans la seconde, tout ce que vous aimez dans votre métier. Observez. Prenez conscience que vous êtes bien plus que votre poste, votre fonction, votre passion. Cela restaure la liberté intérieure.

La passion est un moteur magnifique. Mais pour qu’elle serve, il faut lui poser des limites. Non pour l’éteindre. Mais pour qu’elle ne vous consume pas. C’est dans cet équilibre entre intensité et régulation que l’on retrouve la voie d’une vie riche, féconde, durable.

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Burn out : est-ce une maladie professionnelle reconnue ?